Histoire de la C.G.T

Histoire de la C.G.T

 

C’est en septembre 1895 à Limoges que se tient le premier congrès constitutif de la CGT. Après l’abolition de la loi Le Chapelier de 1791, la liberté syndicale est possible depuis 1884. Cependant, c’est dans un contexte répressif que le mouvement ouvrier s’organise (révolte des Canuts en 1831, Commune de Paris en 1871). En 1892, naissent les Fédérations de Bourses du Travail où les ouvriers peuvent s’entraider et se réunir. Elles sont administrées par des socialistes mais elles ont des pratiques libertaires avec comme secrétaire général, élu en 1895, le militant anarchiste Fernand Pelloutier. Elles ont une préférence pour un  syndicalisme révolutionnaire.

 

En 1902, la fusion des fédérations des bourses et de la fédération des métiers va constituer réellement la CGT. Cela conduit à une organisation professionnelle (les fédérations) et géographique (les unions départementales) qui caractérise encore de nos jours le fonctionnement du syndicat. La Charte d’Amiens, en 19O6, pose les termes d’un syndicalisme révolutionnaire, ouvriériste avec la présence forte du mouvement anarcho-syndicaliste. Des courants vont apparaître entre syndicalisme « révolutionnaire » et « réformiste ». C’est une tendance qui aujourd’hui encore traverse notre syndicat.

 

Dans les années 20, il existe un désaccord entre la direction confédérale, soucieuse de réformer progressivement, et une base déçue et réprimée sévèrement lors des grèves. Parallèlement, au niveau politique, il existe une scission à la SFIO de Léon Blum avec naissance du Parti Communiste Français (congrès de Tours) sur la question de l’adhésion à la 3ème internationale de Lénine. Cette question sera facteur de discorde au sein de la CGT. En 1921, au terme de cette bataille interne, la division syndicale va naître et le mouvement se diviser en trois confédérations, la CGT, la CGT-U et la CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens). Pendant 15 ans, il restera des tensions entre CGT et CGT-U. En 1936, les deux courants se réunifient (congrès de Toulouse). Léon Jouhaux (secrétaire depuis 1909) reste secrétaire de la CGT. C’est aussi à cette période que le mouvement revendicatif français connaît une ampleur considérable et que le gouvernement du Front Populaire se met en place. Les accords Matignon du 8 juin 36 permettrons de nombreux acquis sociaux. A cette période, la CGT va multiplier par 5 son nombre d’adhérents en moins de 1 an et atteindre les 3 millions de syndiqués. L’augmentation du nombre des cotisations dégage des ressources financières. La CGT s’engage dans un syndicalisme de service » : Loisirs, mutuelles, centres de vacances, actions dans le domaine culturel. En 1938, chute du Front Populaire, baisse des adhésions d’un tiers. En 1939, Pacte Germano-soviétique, en 1941, Charte du Travail décrétée par le Gouvernement Pétain avec grève interdite et un seul syndicat gouvernemental. La CGT devient illégale, animée tout particulièrement par des militants communistes. A la fin de la guerre, elle intègre le conseil de la résistance où elle contribue à élaborer le programme de nationalisations et de Sécurité Sociale.

 

En 1945, nous sommes en présence d’un Parti Communiste fort réunissant 26 % des voix à l’assemblée constituante mais ils seront évincés du gouvernement en 1947. Au niveau syndical, la CGT atteint les 5 millions d’adhérents ! ! ! Ce rapport de force permet la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance (CNR)( création de la sécurité sociale, nationalisations…). Mais une scission aura lieu alors entre les partisans du plan Marshall et les autres. En 1948, Léon Jouhaux forme la CGT-FO. Les années 5O-6O se caractérisent par des liens étroits entre le Parti Communiste et la CGT avec adhésion de la CGT à la fédération syndicale mondiale, installée à Prague en 1956. Parallèlement, en 1964, la CFTC se divise pour former la CFDT  et se démarquer de l’aspect confessionnel du mouvement.

 

En 1968, malgré une attitude méfiante vis à vis du mouvement étudiant, la CGT joue un rôle de détonateur dans le déclenchement de la grève générale de mai 68. La CGT et la CFDT signent les accords de Grenelle. La CFDT se rapproche de Pierre Mendes France. En 1972, la CGT défend le programme commun en vue de l’éventualité d’une prise de pouvoir démocratique par la gauche française. En 1977, rupture du Programme commun. La CGT, face à l’aggravation de la crise économique, va recentrer sa stratégie, commencer à se démarquer du Parti Communiste, quitte le secrétariat du FMS. Bernard Thibault, actuel secrétaire Général de la confédération caractérise la période des années 2O aux années 😯 de la manière suivante : « C’est une longue période jalonnée de conquêtes sociales très importantes, marquée par une conception de la lutte syndicale liée à l’action politique, plus précisément inscrite dans le rapport de la CGT et du PCF, dans laquelle les objectifs qui dominaient étaient directement ou indirectement liés à l’horizon stratégique de la conquête du pouvoir sous l’hégémonie du courant de pensée politiquement incarné par le parti communiste.

 

En 1981, tournant historique, la CGT soutient dans un premier temps les réformes du gouvernement puis en 82-83 se démarque de la politique de rigueur. Le déclin syndical va commencer dans un contexte de tertiairisation de l’activité, d’abandon du compromis fordiste*(1), de chômage et de changements culturels considérables. Cela touchera tout le paysage syndical français. A partir de 1986, les « coordinations » voient le jour. Elles se développeront particulièrement dans le secteur de la Santé avec le mouvement des infirmières. Elles ont quasiment disparu aujourd’hui.

Le résumé que j’ai tenté de faire sur l’histoire de ce mouvement peut paraître longue mais elle me semble nécessaire pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui au sein même des syndicats de base, qui sont toujours traversés par des luttes politiques. Sortir le syndicalisme du contexte socio-politique et économique serait une erreur. La crise que le syndicat CGT du CHU a traversé en 1989 est d’ailleurs en lien direct avec l’histoire et l’idéologie.

 

Histoire de l’organisation CGT du CHU de Grenoble

En milieu hospitalier, le syndicalisme est peu développé, le secteur de la santé faisant partie des « zones de faiblesses » identifiées par Labbé et Andolfatto dans leur livre « organisation et audience de la CGT depuis 1945 ». La scission avec FO en 1948 avait affaibli cette fédération qui, à l’époque, était réunie avec les territoriaux (fédération générale des services publics). En 1979, il y a éclatement de cette fédération qui devient fédération de la santé et de l’éducation spécialisée. En 1982, elle prendra la forme actuelle et deviendra « fédération de la santé et de l’action sociale ». Elle couvre l’ensemble des secteurs sanitaires et sociaux, public et privé, à but lucratif et non lucratif.

 

La même structure existe sur le plan départemental. Elle est située à la bourse du travail de Grenoble, il s’agit de l’union départementale santé action sociale. Le syndicat du CHU de Grenoble est rattaché à cette structure ainsi qu’à l’union locale de Grenoble en secteur interprofessionnel.

 

L’histoire de l’Union Départementale Isère est très riche. Les premières organisations de gantiers et de mineurs datent de 1893 ainsi que la création de la bourse du travail. La nouvelle bourse du travail de Grenoble a été construite en 1977.

 

Le CHU de Grenoble est lui-même lourd d’histoire puisque les premiers hôpitaux de la ville de Grenoble datent de 1080 et sont gérés par des religieux pour les pauvres et les indigents.

 

L’hôpital restera ce lieu de charité pendant des siècles. Ce sont les nombreuses découvertes médicales du 19ème siècle qui vont conduire à une évolution rapide de cette institution. L’hôpital de La Tronche, qui est d’abord un hôpital militaire, est construit en 1910. L’hôpital des Sablons est achevé en 1974, l’hôpital Sud a été créé à la fin des années 60, avec l’avènement des jeux olympiques de 68. Cet établissement qui  compte 7495 ETP (chiffres 2009) est le  1° employeur du département s’est donc particulièrement développé au cours du siècle dernier. Et c’est donc à l’intérieur de ce champ d’activités que va se développer notre syndicalisme.

 

Les informations obtenues laissent apparaître le début du syndicat CGT fin des années 60 et début 70, mais peu d’éléments d’archive de cette époque sont retrouvés.

 

Les activités du syndicat sont d’une part l’activité revendicatrice, d’information, de conseil et d’autre part de délégation dans les différentes instances paritaires du CHU. Différentes législations hospitalières ont réglementé les élections professionnelles pour déterminer la représentativité de chaque syndicat. La dernière formule date de 1992 où le comité technique paritaire a été remplacé par le comité technique d’établissement, ce dernier est consulté avant chaque conseil d’administration (où il existe également une représentation syndicale) sur la politique de l’établissement (budget, investissements, projets d’établissements, de services médicaux, les effectifs, les transformations de postes…). Les commissions administratives paritaires locales et départementales font l’objet également d’élections tous les 3-4 ans. Elles traitent des carrières individuelles des agents (titularisations, avancements d’échelons…). A ce jour, la nouvelle loi du 5 juillet 2010 relative à la rénovation du dialogue social dans la fonction publique  va modifier  le paysage syndical en général  et influencer la représentativité dans les élections professionnelles car les sièges attribués aux organisations syndicales seront désormais répartis entre elles proportionnellement au nombre de voix qu’elles ont obtenu aux élections aux comités techniques d’établissement, et non plus en référence aux résultats des élections aux commissions administratives paritaires.

 

A partir de ces élections, chaque syndicat a un nombre de sièges déterminés et d’heures globalisées de permanence syndicale. Le syndicat CGT en fonction de ses résultats aux précédentes élections peut disposer de militants détachés à temps plein  ou à temps partiel pour s’occuper de l’activité syndicale. Existent également des commissions émanant des précédentes (CHSCT, Commission de Formation) et des représentations nationales ou régionales à différentes instances (ANFH : Association Nationale de Formation des Hospitaliers) et Comité de Gestion des Œuvres Sociales. Ce sont les syndicats eux-mêmes qui désignent leurs représentants à ces instances. Elles sont liées à l ‘économie sociale puisqu’elles gèrent les fonds mutualisés de formation continue des établissements adhérents et les aides diverses aux vacances, aux études, etc…(sorte de comité d’entreprise). Ce sont des structures très importantes financièrement. Ces élections sont donc déterminantes pour l’activité syndicale et la représentativité aux différents niveaux politiques de l’établissement. Ces mandats, s’ils sont indispensables, représentent un temps de travail non négligeable pour les militants et peuvent aussi éloigner ces derniers du travail direct auprès des agents. Le développement de la structure hospitalière, les diverses politiques en matière de gestion des politiques de santé dans les hôpitaux et leur complexification ont donc eu des retentissements importants sur l’activité syndicale en elle même avec un alourdissement du poids des structures. Depuis la loi Hôpital Patient Santé Territoire, le Conseil d’Administration a été remplacé par le Conseil de Surveillance avec deux représentants des personnels issus des organisations syndicales dont l’un est CGT.

 

Sur le plan local, en 1989, il y a eu dissolution du précédent syndicat CGT et sa reconstitution dans la foulée par une nouvelle équipe. En effet, fin 88, le « bureau collectif » décidait la suspension de 5 militants qui étaient accusés de faire des activités fractionnistes non décidées par ce bureau. Ils l’avaient d’ailleurs notifié à la direction de l’hôpital, ce qui était une première dans les pratiques syndicales. Ces 5 militants n’étaient effectivement pas d’accord avec les positions de ce bureau notamment concernant une participation jugée timide aux grèves des infirmières, face aux privatisations engagées par l’hôpital et aux restructurations en cours. Suite à un congrès extraordinaire et s’appuyant sur une possibilité statutaire de faire appel à cette décision d’exclusion, ces militants ont demandé l’arbitrage de la Fédération (commission des conflits) et la fédération a déclaré la dissolution de l’ancien syndicat et la constitution d’un nouveau syndicat CGT. Les adhérents ont été amenés à se prononcer individuellement sur leur adhésion au nouveau syndicat CGT crée le 6 avril 1989.  Au mois de juillet 1989, ces ex-dirigeants créaient un nouveau syndicat appelé DEFIS (Démocratie Expression Force Indépendance Santé)  encore présent aujourd’hui sur le CHU.

 

Bien entendu, une telle rupture n’a pas été sans conséquence sur le monde syndical hospitalier et comme la CGT, chaque syndicat en mesure encore les effets. Plusieurs aspects sont à étudier pour mesurer ces conséquences :

 

  • Le nombre de syndicats sur le site hospitalier :

 

3 aux élections de 1982

 

7 en 2003

 

7 en 2007

 

La CGT était présente à chaque élection. Cette accentuation de la division syndicale est préjudiciable à l’image des syndicats sur le CHU.  Cependant, à ce jour, localement les syndicats FO et CFTC ne sont plus représentés dans les instances locales.

 

  • Le taux d’abstention qui s’aggrave d’années en années, et qui est l’expression d’un profond malaise des personnels.
  • Les prochaines élections qui auront lieu en 2011 verront sans doute une modification du paysage syndical au CHU de Grenoble du fait des nouveaux textes.

 

Perspectives

Tout d’abord, à travers l’histoire générale de l’organisation syndicale, nous voyons que des divisions et des luttes politiques ont été très importantes et que, localement les mêmes divergences causent les mêmes effets.

Par ailleurs, le syndicat CGT, comme tous les autres, traverse une crise liée à la modification profonde de la structure sociale (tertiairisation de l’activité économique, montée du chômage, abandon du compromis fordiste) et de la culture (montée de l’individualisme, changements des structures familiales). Une prise en compte de ces modifications est nécessaire. Cependant, la perte des acquis sociaux qui s’est accélérée ces dernières années ainsi que la crise économique  conduisent à une remobilisation des salariés et au renforcement des bases syndicales.

Sur le plan local, les chiffres de nos dernières élections professionnelles, l’augmentation du nombre de nos adhérents, les batailles que nous avons encore à livrer pour ne pas perdre la plupart de nos acquis sociaux, nous donnent l’espoir d’un développement possible. Développement qui doit être au service des salariés, de leur défense et de leurs revendications.

Depuis le congrès de Grenoble (1983), la CGT s’est engagée dans une démarche de « syndicalisme rassemblé » puis, de reconquête sociale, syndicalisme non plus seulement d’opposition mais qui rassemble, conteste, lutte, propose et négocie. Notre dernier congrès confédéral de décembre 2009 réaffirme l’engagement de notre syndicat pour l’émancipation des salariés, la revalorisation du travail et le développement humain durable.

Aujourd’hui, La révision générale des politiques publiques, la réforme des collectivités territoriales, la loi « Hôpital Patients Santé Territoires », la déréglementation, les privatisations, la réforme des retraites, visent à réduire les dépenses utiles pour les salariés, les familles et à livrer les activités de service public au secteur marchand. Il nous faut donc être une force de résistance et de conquête sociale qui porte l’espoir et l’ambition de jours meilleurs.

*(1) « compromis Fordiste » : période des « 30 glorieuses » d’après guerre, où la croissance économique capitaliste a permis au monde ouvrier de tirer des fruits de ce développement.

 

Sources documentaires

 Dominique Andolfatto, Dominique Labbé : « sociologie des syndicats » ed la découverte

Dominique Andolfatto, Dominique Labbé : « la CGT : organisation et audience depuis 1945 »

Bon Clément : « naissance et développement de l’union départementale CGT de l’Isère »

Bernard Thibault : « qu’est-ce que la CGT », ed l’archipel

Archives du syndicat CGT

« De la Charité aux Soins », Histoire de l’hôpital à Grenoble.

 

histoire de la CGT, mon syndicat

(par l’Union Locale CGT de Villeneuve d’ Ascq)

Après l’écrasement de la Commune de Paris en 1871, les aspirations ouvrières ne se retrouvent pas dans la République. Même si la République de Jules Grévy est une avancée indéniable dans l’histoire des peuples et même si des lois sociales ont été échafaudées, il n’empêche que les républicains sont une émanation de la bourgeoisie en place, héritière de la Révolution Française. Les patrons n’y vont pas de main morte et la caste ouvrière est exploitée outrageusement. Ce temps est celui des nouvelles idées et l’idée nouvelle, justement, c’est le socialisme. Il s’agit d’un modèle révolutionnaire et qui prend le contre-pied  de la République qui ne jugule pas la misère sociale car elle trahit, d’une certaine manière, les idéaux d’égalité et de justice de la Révolution Française. A Marseille, en 1879, un congrès ouvrier prône la collectivisation des moyens de production. Un tas de fédérations syndicales commencent à se structurer, les charpentiers en 1876, les travailleurs du livre en 1881 et bien d’autres. Devant ce déferlement, le Ministre de L’intérieur, Waldeck Rousseau, en 1884, légalise le regroupement  des ouvriers en syndicat mais à la condition que les revendications ne soient pas politiques. Le syndicalisme est né.

Les crises successives et l’exploitation  du prolétariat par un patronat sans scrupule accélèrent la structuration syndicale. En 1886, les syndicats de Lyon organisent un congrès d’où émane la Fédération Nationale et Groupes Corporatistes de France et des Colonies. Cette union décrète la première grève le 1er mai qui restera une tradition en tant que Fête du Travail. Dans chaque ville de France des unions de ce genre engendrent la création de véritables bastions ouvriers. Triste République qui n’a pas su faire fructifier les acquis de la Révolution Française, triste République corrompue par la haute bourgeoisie qui ne se préoccupe guère de la misère qu’elle engendre et triste République qui génère, en ce 19ème siècle, encore plus d’inégalités que sous l’Ancien Régime. Ces unions de travailleurs qui naissent chaque jour ont une base anarcho-syndicaliste. Elles prônent la grève générale révolutionnaire et critique l’inaction des parlementaires.
En 1895, à Limoges, s’ouvre le Congrès des Chambres Syndicales et des Bourses de Travail. Ce congrès débouche sur la condamnation du capitalisme et sur la création de la Confédération Général du Travail : la CGT ! Une partie importante des organisations ouvrières existant légalement depuis 1884 se réunissent dans la ville de Limoges. Les 28 fédérations professionnelles, 18 Bourses du travail et 26 chambres syndicales présentes à ce congrès unitaire décident de créer une organisation unitaire : la Confédération générale du travail. Depuis le congrès de Nantes qui, avait réuni la Fédération nationale des syndicats et les Bourses du travail, la voie était libre pour un regroupement purement syndical, l’indépendance syndicale s’affirme par rapport aux partis de la « propagande par le fait », les anarchistes décident de rentrer dans ces organisations ouvrières et prônant l’idée d’un syndicalisme révolutionnaire (anarcho-syndicalisme), accentuent le fossé qui les sépare des partis politiques.

La CGT revendique alors une action syndicale axée sur la revendication professionnelle et sur la création de caisses de secours. Dès sa création, elle réclame la tenue d’un congrès ouvrier international mais se démarque de toute forme d’action politique pure, bien que les adhérents ne cachent pas leur positionnement, ancré très à gauche. La tradition est restée et on ne mélange pas les débats politiques et les revendications syndicales. De nos jours, tous les syndicats professionnels téléguidés par le Front National ont été dissous dans la mesure où les syndiqués tentaient de refourguer des cartes du FN aux collègues de travail. En 1906, le congrès d’Amiens confirme la posture non politique de la CGT ce qui en fait vraiment, le syndicat des travailleurs. En 1921, elle se déchire entre deux tendances, une tendance communiste et une tendance anarchiste qui ne fera pas de vieux os. Elle se reconstitue sous l’occupation.

En parallèle, en 1919, apparait la CFTC, la Confédération des Travailleurs Chrétiens qui est à des années lumières des idéaux de la CGT. La CGC, la Confédération Générale de Cadres fait son apparition. La CGT a créé le principe syndical et toutes les castes professionnelles se syndiquent à l’instar du CNPF, le syndicat des patrons qui deviendra le MEDEF. Dans les années 70 la CFTC implose et donnera naissance à la CFDT sous l’impulsion de Jacques Delors, car beaucoup de travailleurs ont compris que la chrétienté ne leur était guère utile dans leur lutte. En 1947, la CGT explose. Certains adhérents la quittent pour créer Force Ouvrière. De leur côté, les enseignants la quitte aussi pour fonder la FEN, la Fédération de l’Education Nationale. Quoi qu’il en soit,  la CGT est la mère de tous les syndicats !

Plus de détails :
Source :  http://ulcgt.vascq.free.fr/cht_history.html
Union Locale CGT de Villeneuve d’ Ascq

Des origines à septembre 1895 : La naissance de la CGT ou la lutte pour l’unité :

La révolution française a considérablement accentué les différenciations sociales. Au cours du 19ème siècle, chaque groupe social est en recherche d’identification. Le mouvement ouvrier s’affirme au travers des luttes sociales, et par sa participation aux grands évènements politiques (révolution de 1830, insurrection de février 1848, commune de 1871). Face à la structuration du patronat, les premières organisations ouvrières se mettent en place. Les congrès qui se succèdent vont voir apparaître différents courants dans une période marquée par des grèves et la répression. La fondation de la CGT à Limoges en septembre 1895 repose à la fois sur un processus unitaire, et sur le départ d’une partie des militants. La grève générale, l’autonomie syndicale et le syndicalisme de métier constituent les trois pans de la CGT.

De 1895 à la scission de 1920 :

La CGT face au premier conflit mondial. Le débat syndicats/partis politiques s’approfondit. Les questions non résolues des structures de la CGT empêchent encore une véritable unification de la confédération. Si les tendances subsistent dans la CGT, l’unité demeure face à la répression et aux manœuvres intégrationnistes du pouvoir. La charte d’Amiens adoptée en 1906 marque le triomphe des thèses de l’anarcho-syndicalisme. La question de l’Etat va cristalliser les clivages dans la CGT entre réformistes et révolutionnaires, accentués par l’arrivée au gouvernement d’anciens dirigeants socialistes à l’approche de la guerre. C’est dans ce contexte que peu à peu la CGT va rallier l’union sacrée, après avoir lutté contre. Au lendemain de la guerre, les divisions persistent. En novembre 1919, la CFTC se constitue sur une base confessionnelle, ouvertement opposée au syndicalisme de classe. La CGTU naît de l’exclusion des minoritaires de la CGT. Le pluralisme syndical a fait place à la division syndicale : CGT, CGTU, CFTC.

1920 – 1936 : Vers la réunification :

Dans une période marquée par la mutation de l’ouvrier de métier vers l’ouvrier d’industrie et l’essor du Taylorisme, CGT et CGTU s’opposent sur les formes et les moyens pour transformer la société. La CGT voit ses effectifs croître jusqu’en 1930. Elle regroupe dans un premier temps tous les opposants au réformisme, alors que la CGTU se structure à partir des organisations issues de la CGT. La crise économique et sociale se développe. Le coup de force des ligues d’extrême droite en 1934, et la tendance au « durcissement » de l’état entraînent une manifestation commune de la CGTU et de la CGT. Les directions confédérales sont obligées de discuter de la réunification qui se réalise en 1936 au congrès de Toulouse. Cette unité est due en grande partie à la pression de la situation et aux exigences de la politique intérieure. Avec le succès du Front Populaire et les luttes, le patronat doit reconnaître la CGT et signer les accords de Matignon.

1937 – 1947 : La deuxième guerre mondiale et les vicissitudes de l’unité :

Les clivages au sein de la CGT rebondissent à propos de la guerre civile espagnole, de la pause des réformes décrétée par le gouvernement, des accords de Munich et de l’échec de la grève générale contre les décrets lois. La CGT éclate, certains militants devenant clandestins, d’autres rejoignant Pétain. Il faut attendre 1940-1941 pour que des luttes émergent et se développent, et 1943 pour que la CGT se réunifie. Celle-ci, avec la CFTC participera à la résistance, et à la grève insurrectionnelle qui libère Paris. Après la libération, la CGT appelle à la bataille de la production pour la reconstruction économique du pays. En 1944, naît la CGC liée au fait que la CGT n’a pas suffisamment pris en compte les spécificités des Ingénieurs, cadres et techniciens. La guerre froide et les stratégies divergentes, le poids du passé, et ce malgré des acquis importants tels que les nationalisations, les Comités d’Entreprises, la Sécurité sociale, divisent la CGT. En 1947 la CGT-FO se constitue. Les enseignants créent la FEN, refusant de choisir entre la CGT et FO.

1947-1968 : Construire l’unité d’action :

Malgré l’affaiblissement de la CGT, des luttes se développent dans un contexte de guerre froide. L’importance des grèves de 1953 sur le problème de l’âge de la retraite dans la fonction publique débouche sur des luttes unitaires dans de nombreux secteurs. Celles-ci se renforcent au regard de la hausse des prix, des atteintes à la sécurité sociale, du blocage des salaires et de la dévaluation. Dans le même temps, la CGT se lance dans la bataille pour la fin de la guerre en Algérie. En 1964 la CFTC scissionne. La CFDT se crée. Une minorité maintient la CFTC avec sa référence confessionnelle. Confrontés au blocage des salaires, à l’austérité, à la multiplication des fermetures d’entreprises et des licenciements, CGT et CFDT signent en 1966 un accord sur des revendications minimales. Les grèves et les manifestations unitaires se succèdent. Hormis la grève générale du 13 mai 1968 contre la répression, qui fut unitaire avec la CFDT, la FEN et l’UNEF, chaque organisation syndicale fera cavalier seul dans le contexte des évènements de 1968. Ceux-ci déboucheront sur les accords de Grenelle. 1968-1981 : Les syndicats face à la crise. Les bouleversements technologiques et les mutations du salariat s’accélèrent. Après les évènements de 1968, le changement social est à l’ordre du jour. A partir de mars 1969, première journée d’action unitaire CGT-CFDT, les luttes unitaires vont se développer dans tout le pays (Lip, Rateau…). Mais peu à peu les relations vont se tendre entre la CFDT et la CGT. Recentrage oblige, à partir de 1978, la CFDT freine les mobilisations unitaires. C’est le cas sur la sécurité sociale ou la retraite, la CGT appelant seule. La CFDT prône le réalisme à tout prix… Quitte à laisser le terrain des revendications au patronat.

De 1981 à nos jours : L’émiettement du syndicalisme et l’urgence du rassemblement :

Après l’élection de F. Mitterrand, la désunion est totale. La CGT demeure la seule force d’entrainement des luttes, alors que la CFDT prône le « réalisme social », FO « l’indépendance » et la CGC « le corporatisme ». Dans le même temps se constitue le Groupe des 10 à partir de syndicats autonomes. A partir de 1986, la CFDT tente une recomposition syndicale avec la FEN, qui elle-même cherche à dégager un axe réformiste avec FO et la FGAF. Le 1er mai 1988 est célébré par la FEN, la CFDT, la FGAF et le SNUI. En 1991, les accords CFDT-FEN ne rallient pas FO, la CGC ni la CFTC. Certaines composantes du groupe des 10 rejoignent la FEN en 1992. Le seul objectif apparent de ces différentes recompositions « ratées » étant la marginalisation de la CGT. La CFDT multiplie les exclusions, d’où la création de Sud-PTT et de CRC dans les hôpitaux. La FEN éclate en 1992, création de la FSU. En 1993, l’UNSA est constituée à partir des syndicats demeurés à la FEN, la FGAF, la FMC, la FGSOA et la FAT. La CGT poursuit son travail unitaire. En 1995, FO, SUD, FSU et des militants CFDT se mobilisent avec la CGT contre les projets gouvernementaux remettant en cause les retraites. L’éparpillement se poursuit. L’UNSA, reconnue représentative, et le groupe des 10 tentent de se structurer. FO et CFDT connaissent des divergences internes importantes. Dans ce contexte, la CGT lance l’idée du « syndicalisme rassemblé ».

Henri Krasucky, un type à ne pas oublier !

En août 1939, le PCF est interdit par le gouvernement à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Isaac Krasucki doit plonger dans la clandestinité. Son fils a quitté l’école. En 1940, quand les Allemands entrent à Paris, il travaille dans une usine de Levallois, comme ajusteur. Il a quinze ans. À la fin de l’année 1940, Henri intègre les Jeunesses communistes dans la section juive de la Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) du Parti communiste dans le 20e arrondissement. Il a d’abord des responsabilités dans son quartier, puis à l’échelon de son arrondissement, et enfin, très vite, au niveau de la région parisienne. Sabotages, lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires à la suite du premier coup de feu du Colonel Fabien, le 21 août 1941, qui marque le début de la Résistance armée. Le 20 janvier 1943, son père est arrêté pour sabotage et interné à Drancy ; il est déporté le 9 février à Birkenau et gazé dès son arrivée le 13 février. Sous le pseudonyme de « Mésange », Henri Krasucki, dit également « Bertrand », s’occupe des cadres et du recrutement des jeunes avec sa compagne Paulette Sliwka. Arrêté le 23 mars 1943, à 7 h 15, à la sortie de son domicile, torturé pendant six semaines, il ne lâche rien. Les Français de la Brigade spéciale n° 2 des Renseignements généraux le livrent à la Geheime Feldpolizei, qui l’enferme à Fresnes, où il demeure privé de tout contact, dans le quartier des condamnés à mort. Puis c’est Drancy. Il y retrouve ses camarades, Roger Trugnan et Samuel Razynski, dit « Sam ». À la mi-juin, c’est le départ. Les jeunes manifestent dans le camp. Roger Trugnan raconte : « Nous chantions la Marseillaise et les gendarmes tapaient sur celles et ceux qui chantaient. » Son convoi depuis Drancy, le numéro 55, du 23 juin 1943, déportait 1 002 juifs, dont 160 enfants de moins de 18 ans, transportés dans des wagons à bestiaux. Deux jours et une nuit plus tard, ils arrivent à Birkenau, annexe d’Auschwitz. Seules 86 personnes de ce convoi ont survécu à la Shoah. Henri et ses camarades sont affectés au camp annexe de Jawischowitz. Ils travaillent à la mine, seize heures par jour, avec la faim, les coups, et la crainte d’être malade, qui signifie la mort. Mais aussi la résistance. Aussitôt arrivés, Henri, Roger, leur copain Sam ont cherché le contact. Ils continuent la lutte derrière les barbelés. Ils la continueront jusqu’au bout. Jusqu’à Buchenwald, où ils sont évacués en janvier 1945 – la terrible « marche de la mort ». Là, épuisés, ils sont pris en charge par l’organisation de Marcel Paul et du commandant Mannès. Ils participent à l’insurrection du camp : « J’avais un vieux chassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka ! » Henri Krasucki en revient le 28 avril 1945, « juste à temps pour manifester le 1er mai », comme il dira avec humour.

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